samedi 11 juin 2011

"Ce qu'universel veut dire", généalogie d'un concept

par Jean-Claude Milner

http://www.akadem.org/sommaire/themes/philosophie/1/5/module_1681.php

- De la conception grecque (universel singulier des êtres parlants) [On traduit l'universel comme étant ce qui vaut pour tous, "le très grand nombre des êtres parlants" - ce qui, par opposition, exclut le Nom condamnable qui refuse d'être "le nom de tous" (indicible si insistant). Aristote: "Tout homme est mortel". Le singulier prévaut autrement dit. Le pluriel soutient une théorie: l'histoire "des" grecs et la politique pour, par "les" grecs. Même si on élabore une théorie du pluriel, on n'y rencontrera jamais d'universel, prenant la forme de "tous les êtres parlants". La République de Platon ne fait pas cas de l'universel, sauf l'âme qui choisit son destin. Chez Aristote elle est mentionnée à travers la notion de Logique, au singulier.] Cette conception a été bouleversée par la conception Chrétienne et l'irruption de l'Eglise adossée à l'Empire qui a unifié le versant de la Logique, de l'unité, et le versant de la politique du nombre, pluriel. L'universel est devenue l'universel pour le très grand nombre, des croyants, des "êtres parlants", etc que l'on retrouve à travers la phrase de Saint Paul de Tarse: "Nous tous sommes un, en Jésus Christ". Ce passage en quelque sorte magique constitue le passage, la conversion de l'unité, de l'universel grec à la pluralité de l'universel, de tous. En ce sens quand nous faisons usage de cet universel pluriel, (tribunal de ce qui condamne tout ce qui peut y faire obstacle) ce qui n'est pas nous ne parlons pas grec, nous parlons une autre langue qui est la langue chrétienne. Tant que l'universel est placé du côté du singulier il n'y a pas de fracture entre l'universel et l'affirmation d'un Nom, "entre autres". A partir de la formule d'Aristote, incarnation de l'universel au singulier, on reconnait "la marque de la force de l'affirmation de l'homme", de son nom. L'universel singulier, aristotélicien ou platonicien, c'est "la force de l'affirmation d'un nom".
- Revenir à la conception grecque (universel singulier des êtres parlants) pour renverser la lecture d'une philosophie d'Eglise ou d'Empire (Après Alexandre, après Paul de Tarse), faire exploser la prison qui nous enferme, nous amenant à considérer exclusivement l'universel comme pluriel, synonyme du grand nombre et participant à l'affaiblissement du Nom. Usage de Benny Levy qui utilise l'héritage d'Aristote comme une arme à l'encontre de l'ennemi polinien ou alexandrin.

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